Le Front Noir a été l'organisation de combat nationaliste, socialiste et révolutionnaire en même temps. Son fondateur, Otto Strasser (1897-1974) était devenu un dissident du NSDAP dont il critiquait la ligne embourgeoisée et soutenue par de grandes entreprises. Il suffit de se souvenir d'Ernst Rohm et de toute la direction des S.A. détruites en une seule nuit pour satisfaire le grand patronat qui voyait dans la "seconde révolution nationale-socialiste" une réelle menace pour ses intérêts. Il y avait de quoi à s'inquiéter.
Un nom devait rentrer dans l'Histoire: STRASSER. Né en Bavière, ancien combattant, il a eu un parcours militant assez intéressant: il a commença par les sociaux-démocrates (SPD), a rejoint le NSDAP, pour fonder sa propre formation carrément anti-hitlérienne, le Front Noir.
Avec son frère Gregor, Otto dirigeait auparavant les sections Nord du Parti. Il alla loin, en se rapprochant du KPD (communistes allemands), en participant à des manifestations et des grèves générales, et en votant unanimement avec la gauche radicale. Ce qui irritait Hitler avec son clan anticommuniste.
Dans le programme officiel du NSDAP les questions économiques étaient mis de coté ce que ne pouvait que révolter quelqu'un comme Strasser. Il militait pour la réforme agraire, en proposant le regroupement des paysans dans des collectifs unis par des liens de camaraderie, proche de celle du front.Dans le secteur industriel, il s'orientait sur la nationalisation des plus grandes entreprises d’État et leur mise sous contrôle d'une coopérative populaire. La doctrine strassérienne prônait donc la répartition communautaire des ressources produites par la collectivité. Les travailleurs étaient vus non seulement comme propriétaires de l'entreprise mais ils pourraient participer à sa gestion. En politique extérieure, Otto Strasser exigeait une Allemagne dans ses frontières de 1914 mais tout en condamnant les impérialismes et en œuvrant pour un rapprochement avec l'Union Soviétique. Ensemble ces deux pays devaient s'unir pour faire la guerre aux puissances occidentales, en tête desquelles se trouvait la Grande-Bretagne.
Cependant les années 1920 touchent à leur fin et en 1930 le tournant décisif s'opère entre les réactionnaires et les plus réformistes. Strasser ira toujours plus loin, en créant des SA Noirs. SA Noirs qui n'hésitaient pas à se battre avec les SA hitlériens si ceux-ci venaient en maitres dans leur fief nordiste et pire (!) - s'ils venaient pour perturber les réunions jugées trop gauchisants des frères Strasser.
Otto Strasser à la tribune en 1930 pour annoncer son départ du NSDAP - "Les Socialistes quittent les NSDAP!" dira-t-il et suscitera l'enthousiasme de ses camarades et des hommes et des femmes qui jusqu'à là hésitaient à rejoindre le Parti qui a trahi ses engagements selon eux
Finalement, à Hannover et ailleurs les cellules locales ont fait scission et la NSKD a vu le jour. Une structure qui n'a duré que peu de temps mais qui a su montrer qu'il existe une autre voie que l'alliance avec le Capital et l'anticommunisme primitif. Mais c'est vrai. C'est le 6 juillet 1930 officiellement qu'Otto Strasser a quitté le NSDAP. Et le pire a commencé alors; il a échappé de justesse à l’exécution.
Sa nationalité lui sera retiré par Hitler en personne. Les deux hommes ne se supportaient pas. Il sera interné dans les camps en France, car considéré comme un "nazi" (sic!) dangereux. Le Canada sera le pays qui lui accordera l'asile. L'Allemagne d'après-guerre le fera patienter encore longtemps avant de lui délivrer de nouveau son passeport.
Strasser parfois assez proche du national-bolchevisme, voire du national-communisme; mais il a jamais franchi la barrière décisive. Néanmoins nous nous accordons tous que lui et sa doctrine font partie intégrante de notre bagage doctrinal.
CFNC-FPR
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